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Blog En Rade
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2 avril 2006

Se faire prendre pour un con

C’est bizarre cette semaine qui vient de s’écouler. De bout en bout l’impression de se faire prendre pour un con sur toute la ligne. Depuis le mois de février, on sentait bien qu’il fallait serrer les dents et que le mois de mars confirmerait son statut de mois des fous. En février le une nouvelle lutte contre la précarité s’engageait. Petit à petit, dans l’appréhension, les forces se mobilisaient.

« c'est ma bouche qui est sèche

oui c'est ça qui m'empêche

de te dire comment et pourquoi

comment et pourquoi :

sous le soleil de février

je ne vois rien venir

mais l'essentiel

c'est le soleil .... » 

Nous cherchions les aides auprès de chacun, et les plus proches étaient sollicités. Comme souvent dans ces moments de mobilisation, les défections ne furent pas rares et celles qui firent le plus mal furent celles sur lesquelles nous comptions. On s’était dit que notre motivation puiserait chez ces personnes l’énergie pour accomplir l’effort nécessaire, un effort que sans elles nous n’aurions même pas tenté d’imaginer. Mais c’est dans ce genre de situation que l’on découvre qui se défausse et qui répond à l’appel.

« dans la tourmente

j'avais tellement besoin de toi

mais t'es pas venu une seule fois

alors comment

comment se prendre au jeu

quand on n'est pas pris au sérieux ?

c'est moi qu'on abandonne

qu'on laisse sur le pavé

seule avec ma couronne

sur le pavé »

Le gouvernement casse sans regret le pays, il s’empare des richesses et les redistribue à ces amis. Gouvernement de voleurs, aux basses manœuvres, aux viles manières. Ils envoient les matraques et se planquent derrière les boucliers en plexiglas. Les barricades de pavé ne sont pas encore élevées mais les mêmes adversaires fuient l’affrontement, les mêmes qui parlaient de courage. Ils savent qu’ils n’auront pas à affronter directement la colère. Car ils confondent courage et orgueil. L’orgueil est une posture, celle qu’adoptent les lâches en espérant intimider assez leurs interlocuteurs pour que ces derniers n’aient pas à découvrir la faiblesse des premiers. Le courage contient intrinsèquement les idées de justice et d’intelligence ; le courage se rapproche bien plus de l’honnêteté que de la force. Le lâche utilise facilement la force, il croit en la violence, il esquive, il fuit, il frappe pour retarder l’échéance, il insulte. Le plus lâche des lâches se pose en victime. Il peut mordre parce qu’on l’a mordu, il peut blesser parce qu’il a été blessé. Mais dans sa vilenie il oublie que rien ne l’oblige à obéir à un destin qu’il croit tout tracé. C’est aussi cette croyance en une destinée qui fait donner au lâche des cours de morale, des leçons de vie. Il se sert de tout et de tous, puis il jette. Il avance tel un ciel gris, il ravage.

« quand l’orage est passé

lambeaux de cerisiers

blanches orties

blancs pommiers

de nos amours rêvés

quand l’orage est passé

la nature nous tient dans un nouveau désir d’aimer

quand l’orage est passé…

la nature nous tient par 10 000 nouvelles beautés »

Tout finit bien par repousser. L’espérance fait renaître la vie, elle porte même la miséricorde parce qu’elle sait, malgré tous les doutes qui l’assaille, que la colère n’est efficace que si elle se transforme en énergie créatrice. La destruction est une force de droite et pour vivre dans la cité, il faut savoir inventer. Ce gouvernement de bras cassés disloque les idéaux, il disperse les individus à grands coups de gaz lacrymogènes, il confond main tendue et bras tendu. Pourtant :

« quelque chose en moi

ne pourra jamais

se résoudre à croire

qu'on était si peu fait

l'un pour l'autre

pourtant là il le faudra bien

quelque chose en moi

qui me poussait

à rester devant ta porte

sans pouvoir me glisser

dans ce monde

que je trouve si beau à présent

(…)

c'est pas vraiment toi

que je regrette

juste ce drôle d'état

dans lequel tu me plongeais

les jours de grâce

jusqu'aux lueurs du matin »

Une nouvelle semaine s’ouvre. Une semaine de lutte, avec ses chants, ses cris, ses rires. Une semaine où nous allons certainement pleurer encore un peu. Nous ne jouons pas la gagne. Nous pouvons perdre. Mais nous jouons l’avenir. Nous parions sur un futur que nous ne connaissons pas et qui sera toujours meilleur que notre présent.

« il y a des mondes et je regrette

de n'en connaître aucun

qui soit un peu plus éloigné du tien

que j'aimais bien

si je savais comment renaître

je partirai demain »

St-J.

Toutes les citations sont issues de l'album Chevrotine d'Holden (respectivement: l'essentiel, sur le pavé, l'orage,quelque chose en moi, dès demain)

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Commentaires
S
"Une note d'espoir à la fin?" (Miss)... Tout est dans le point d'interrogation, tout dépend de notre volonté...
M
Comme un parfum de révolte et si agréable à respirer... Une note d'espoir à la fin? Je suis moins optimiste que toi mais j'espère que c'est toi qui a raison.
X
Merci pour cette bouffée d'air frais sur un forum (proust) ou on s'étouffe ;-)
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