Des bien-faits de la colonisation en milieu tropical.
Le matériel humain recruté [pour la construction du chemin de fer Congo-Océan] n’était plus de première qualité. Comme les moyens de transport et de ravitaillement n’avaient pas été améliorés, le déchet augmenta. Les chalands auraient pu s’appeler des corbillards et les chantiers des fosses communes. Le détachement de Gribingui perdait soixante-quinze pour cent de son effectif. Celui de la Likouala-Mossaka, comprenant mille deux cent cinquante hommes, n’en vit revenir que quatre cent vingt-neuf. D’Ouesso, sur la Sanga, cent soixante-quatorze hommes furent mis en route. Quatre-vingts arrivèrent à Brazzaville, soixante-neuf sur le chantier. Trois mois après, il en restait trente-six. Pour les autres convois, la mortalité était dans ces proportions. « il faut accepter le sacrifice de huit à dix miles hommes, disait Antonetti [gouverneur de l'Afrique équatoriale française], ou renoncer au chemin de fer." Le sacrifice fut plus considérable. A ce jour, cependant, il ne dépasse pas dix-sept mille. Et il ne reste plus que trois cents kilomètres de voie ferrée à construire.
Albert Londres, Terre d’ébène, Albin Michel, 1929.
JNS